Mutualiser ses flux pour accélérer le report modal
Mutualisation entre chargeurs : la clé pour accélérer le report modal ?
Vous travaillez à bâtir des offres de transport bas-carbone ? Vous aimeriez créer de nouveaux axes ferroviaires et fluviaux ?
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Depuis 2022, un groupe du LAB SC4Good est dédié au transport multimodal. Son objectif est d’identifier des opportunités de mutualisation pour recourir au transport ferroviaire. Le groupe initial, composé de neuf chargeurs, a partagé et cartographié ses flux logistiques, identifiant des corridors communs entre la France et l’Espagne, ainsi que des flux Est-Ouest.
Cependant, l’analyse a montré que nous n’étions pas assez nombreux pour créer un effet de masse significatif. Pour approfondir le sujet de la mutualisation, la leader du groupe, Florence Ughetto Experte Développement durable & Logistique pour la Supply Chain Renault a organisé ce webinar.
Point de vue académique sur la mutualisation : quelles solutions pour le report modal ?
Hannah Yee, chercheuse post-doc à l’École des Ponts ParisTech a présenté des stratégies pour décarboner le transport de fret via un changement modal, passant de la route au rail intermodal. Elle a expliqué que le rail est utilisé pour les longues distances tandis que la route est utilisée pour les premiers et derniers kilomètres, en utilisant la même unité de chargement tout au long du trajet. Cela permet de réduire les émissions de carbone, car le transport ferroviaire est moins intensif en carbone que le transport routier.
La chercheuse a ensuite abordé le concept de mutualisation, où plusieurs expéditeurs se regroupent pour partager les volumes de transport, ce qui permet de réduire les coûts fixes et d’obtenir des réductions basées sur le volume. Elle a souligné que le rail intermodal est souvent plus coûteux que le transport routier en raison des coûts de manutention aux terminaux et des premiers et derniers kilomètres.
Quatre étapes ont été identifiées pour mettre en place une solution de mutualisation :
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Identifier
les flux éligibles pour le rail intermodal
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Trouver
des expéditeurs partenaires avec des origines et destinations similaires
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Établir
un accord de collaboration entre les expéditeurs
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Définir
une stratégie de mutualisation pour organiser le transport collaboratif en pratique
Elle a insisté sur l’importance d’une approche holistique et de la perspective de la chaîne d’approvisionnement pour synchroniser les expéditeurs et optimiser les coûts de transport et de gestion des stocks simultanément.
La plateforme gratuite Appel d’air : trouver ou créer des solutions de transport intermodales
Bernard Guilbot a présenté l’outil Appel d’Air, développé par l’association AI-Cargo Fondation dont il est le président d’honneur, pour aider à la décarbonation du transport de fret en facilitant le report modal. Financée par les certificats d’économie d’énergie, cette application est gratuite pour les chargeurs.
Appel d’Air utilise la plateforme numérique Cumulus pour aider les chargeurs à trouver des solutions de transport intermodal existantes ou à mutualiser leurs flux pour créer de nouveaux services. La plateforme propose des cartes détaillant les réseaux ferroviaires et fluviaux en Europe, avec la possibilité de zoomer sur les gares et ports.
Les utilisateurs peuvent effectuer des recherches simples en entrant des détails tels que le code postal, la ville, la date de livraison, et en définissant des critères de distance ou de durée pour le pré- et post-acheminement. L’outil fournit alors des services pertinents, classés par économie de CO2.
Pour des analyses plus complexes, les utilisateurs peuvent importer des fichiers CSV contenant leurs données de flux de transport. La plateforme évalue ensuite l’éligibilité de ces flux pour le report modal en fonction des services existants et propose des options de mutualisation pour maximiser l’efficacité et les économies de CO2. Toutes les données sont anonymisées pour préserver la confidentialité des chargeurs.
Exemple de cartographie analytique sur la plateforme
Retour d’expérience de Michelin sur l’utilisation de la plateforme pour optimiser les flux de transport
Depuis cinq ans, Michelin a une feuille de route ambitieuse pour réduire ses émissions de carbone. L’entreprise travaille sur des solutions multimodales, en commençant par le transport ferroviaire en Europe, utilisant des trains privés.
Depuis deux ans, Michelin utilise AI Cargo pour optimiser la décarbonation de ses volumes de transport. Une collaboration amorcée avec France Supply Chain.
L’intérêt de l’application selon Denis Brangeon, Network Capacity Analyst :
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Décarboner le reste de nos volumes, plus faibles grâce à ai cargo et à la mutualisation
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Donner de la visibilité pour ouvrir le train à d’autres acteurs plus petits en fournissant l’ensemble de leur plan de transport
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Mâche une partie du travail réalisé auparavant manuellement
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Utilisation simple et un accompagnement possible par un cabinet
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C’est gratuit !
contactez-nous et nous relancerons notre groupe en nous appuyant sur ce projet prometteur d’Appel d’air
pour découvrir le replay et l’ensemble des questions/réponses
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Appel d’air fait-il une distinction entre les produits dangereux et les produits non dangereux ?
Oui, il y a dans les templates, on signale si les produits sont dangereux ou sous température dirigée. Et en plus, on a lancé un algorithme d’identification de la nature des flux pour voir la compatibilité ou l’incompatibilité de chargement.
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Comment rentrer en contact avec les autres chargeurs ?
En fait, l’initiative vient d’Appel d’air, c’est à partir du moment où il y a des flux qui massifient, permettent la création d’un service potentiel, c’est Appel d’air qui va rentrer en contact avec les chargeurs pour voir s’ils sont d’accord de créer un groupe de travail avec des opérateurs pour lancer un projet.
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Quid du périmètre de la plateforme ?
Le périmètre de la plateforme n’est pas européen.Aujourd’hui, il est chargé avec pratiquement l’ensemble des services existants en France. Une partie des services européens sont dedans, et je pense qu’avant la fin de l’année, on aura l’ensemble des services existants sur l’Europe. Par contre, sur les services prospectifs, il est valable sur les 27 pays de l’Europe.
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Quelles sont les fréquences ?
Sur les fréquences, on voit les fréquences telles que je les ai montrées tout à l’heure dans le moteur de recherche. Quand j’affiche le résultat d’un moteur de recherche, j’ai l’affichage des résultats qui se fait sur 7 jours.Pour le reste, ce que j’ai oublié de dire, c’est que quand on fait des tests d’éligibilité des flux, le chargeur qui fait ce test peut faire un download sur un fichier CSV, récupérer l’ensemble de son fichier avec les résultats d’éligibilité, et là, il voit bien qu’il y a conformité entre les dates réelles de départ et les services qui sont opérés qui correspondent.
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Est-ce qu’Appel d’air travaille avec les chambres consulaires, etc. ?
Oui, on travaille avec les chambres consulaires, on travaille avec l’ensemble des groupes de travail, des associations, et notamment sur l’aspect ferroviaire et l’aspect fluvial. De plus en plus, aujourd’hui, on s’implique sur les territoires.
Je voulais aussi dire que pour les chargeurs, quand il y a un peu de difficulté, etc., le programme Appel d’air prévoit aussi une forme d’accompagnement, c’est-à-dire la prestation d’un cabinet, bureau d’études, pour une durée limitée, bien sûr, mais complètement financée par le programme Appel d’air, c’est-à-dire que ça reste gratuit pour le chargeur, pour lui permettre de formaliser ses flux et utiliser la plateforme. Cet accompagnement aussi s’opère sur la durée du programme pour aussi mesurer les résultats, notamment les tonnes-km portables et les tonnes-km reportées.
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Concernant les gains de CO2 donnés par Appel d’Air, quelles plateformes y sont calculées ?
Alors, ils sont calculés avec les normes édictées par l’ADEME. On est complètement en phase avec les calculs de l’ADEME. Et le calcul se fait en comparant le flux routier avec le flux reporté pré-acheminement, transport principal et post-achemement.
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Quel a été l’impact du report modal sur les délais, taux de service, autres ?
Comme l’avait expliqué Anna, généralement, ce sont des solutions qui sont plus longues parce qu’il y a des ruptures de charges des deux côtés. Et puis, c’est un mode de transport qui est différent. On ne peut pas comparer la route au multimodal.
C’est vraiment un report, un switch vers un autre mode de transport qui nécessite du coup d’avoir des buffers parce que quand un train est en retard, ce n’est pas un quart d’heure ou une demi-heure. C’est généralement une demi-journée, voire plus. Et puis derrière, il faut qu’il récupère ses créneaux pour être déchargé dans les terminaux. Ça peut être problématique quand les terminaux utilisés sont congestionnés. Donc, il y a des impacts qu’il faut déconstruire potentiellement en amont avec des buffers, déjà pour s’assurer d’avoir un taux de service qui soit presque équivalent à la route. C’est aussi la difficulté d’avoir dans le report modal un taux de service qui soit suffisamment bon pour ne pas impacter les supply chains, notamment quand on est industriel et qu’on est en production.
Il faut vraiment qu’il y ait aussi une envie, un engagement de faire ce report-là. Parce qu’aujourd’hui, malheureusement, la tonne de CO2, elle n’est pas suffisamment valorisée et il n’y a pas de gains réels financiers à faire un report modal parce qu’on n’est pas payé, parce qu’on fait des émissions de CO2. La logique, c’est aussi vraiment dans nos entreprises.
Les impacts, il y en a, mais après, c’est surmontable. Nous, en tant que chargeurs, on n’est pas encore aux objectifs qu’on voudrait. On doit faire aujourd’hui aux alentours de 5 à 6 % de report modal versus 1 % il y a cinq ans sur 300 000 voyages FTL en Europe. On continue d’essayer de créer des nouveaux projets, des nouveaux corridors sur différents axes. On espère que ça va s’accélérer avec les outils comme l’IA. On espère atteindre 15 % d’ici à 2030.
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Votre plateforme est-elle connectable avec un TMS ?
Alors elle est connectable avec un TMS, oui, il faut créer les API qui vont bien et selon le type de TMS, on peut même financer la création de ces API.
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si je travaille avec un commissionnaire 3PL qui a la gestion de mes flux, quelle synergie sur la plateforme ?
Les commissionnaires ne sont pas forcément les entreprises qui sont le plus facteur de changement, donc c’est la raison pour laquelle au niveau du programme Appel d’Air, on vient titiller les chargeurs pour que les chargeurs voient l’intérêt de ce report modal et qu’ils puissent ensuite faire une pression sur leur commissionnaire pour que le commissionnaire passe à ces phases de report modal.
Donc le commissionnaire peut être complètement partie prenante du programme Appel d’Air, il n’y a pas de difficulté, il faut juste faire attention qu’il n’y ait pas redondance des flux, c’est-à-dire qu’on n’ait pas les flux à la fois par le chargeur et par le commissionnaire, il suffit de les identifier pour éviter cette redondance du flux, mais le commissionnaire est bienvenu, au contraire, à participer puisque dans le report modal.