Un Replay pour comprendre le biométhane : une énergie alternative mature
Notre objectif avec ce nouveau webinar est de poursuivre l’acculturation de nos membres et au-delà, des professionnels de la logistique et de la Supply Chain aux différents carburants verts. Le biométhane en particulier est une énergie renouvelable à la croisée des enjeux énergétiques, écologiques et économiques de notre pays qui permet l’obtention d’un carburant renouvelable nommé bioGNV. Nos invités nous partagent leur expertise des gaz verts et répondent à vos questions : où se fournir et à quel coût ? Quel rendement pour l’usage mobilité ? Découvrez les nombreux atouts et les perspectives de ce carburant alternatif pour décarboner nos Supply Chains.
Les ambitions : générer près de 20 % de gaz verts dans le mix gazier français d’ici 2030 et 100 % en 2050
Nos intervenants :
- Élodie Dupray, Chef de pôle mobilité BioGNV/GNV chez GRDF
- Rami Hariri, Délégué Biométhane chez GRDF
Les modes de production des gaz verts et leur maturité
Il existe plusieurs gaz verts ou biogéniques. Ils sont constitués de la même molécule chimique que le gaz fossile mais sont issus d’un cycle plus rapide et parfois synthétique. Le premier mode d’obtention de biogaz est la méthanisation, elle s’appuie sur la digestion anaérobie de matière organique.
Les différents processus de production des gaz verts
En France, il existe différentes filières de production de gaz verts avec une maturité variable. Par exemple, la gazéification hydrothermale qui utilise la biomasse humide, du lisier, des boues ou microalgues passera de la R&D aux 1ers projets d’injection réseau en 2025. À l’inverse, sur un même horizon temps, l’électrolyse avec ou sans méthanation atteindra le stade de l’industrialisation.
Focus sur le biométhane
Le biométhane circule déjà dans nos réseaux et se développe fortement grâce à une technologie mature. Au sein de digesteur, on recrée les conditions internes à une panse de vache : de la chaleur et un mouvement de brassage. On recueille ainsi les gaz qui se dégagent de la matière organique en putréfaction avec quasiment aucune perte de rendement. La particularité de la méthanisation est d’obtenir 2 produits :
- le biométhane ;
- le digestat qui peut faire office d’engrais en lieu et place des engrais chimiques pour les agriculteurs.
La capacité de production par méthanisation a cru de façon exponentielle en France grâce à la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire. La répartition des sites de production (principalement en Bretagne et au nord de la France) met en exergue son lien au monde agricole et à l’industrie agro-alimentaire.
Comment les biogaz peuvent-ils nous aider à atteindre les objectifs Fit For 55 ?
Les études montrent que notre consommation de gaz va continuer à baisser sous l’effet de changements de comportement (sobriété) et d’améliorations de notre efficacité (processus, technologie, bâtiment). En parallèle, la production de gaz verts français va croitre jusqu’à couvrir notre besoin total en gaz d’ici à 2050.
Une énergie renouvelable pour les mobilités
Certains territoires sont déjà à 20 % de molécules de gaz verts dans leur réseau quand d’autres atteignent seulement les 3 %. Il est donc indispensable de rapprocher l’usage de la production afin de répondre à la demande et de permettre de rouler au biométhane carburant sur tout l’hexagone.
En se basant sur une analyse du cycle de vie, un camion roulant au bioGNV réduit ses émissions de GES de 80 % (base carbone ADEME)
90 % des flux de marchandises peuvent être effectués au BioGNV grâce à une grande autonomie (jusqu’à 700 km, soit une tournée d’un chauffeur) et une gamme de véhicules étendue : véhicules lourds (transport de marchandises, de déchets et de voyageurs) comme du chariot de manutention.
Gammes de véhicules adaptées au BioGNV/GNV
Des intrants déjà largement disponibles
La matière organique utilisée pour générer du bioGNV n’est pas en concurrence avec les besoins liés à la production de biocarburant, par exemple. D’autre part, l’emploi des intrants et le besoin en terre agricole sont très contrôlés et limités. Plus de 90 % des besoins sont couverts par les effluents d’élevage, les cultures intercalaires qui ne mobilisent pas de biomasse et les déchets issus de l’industrie agroalimentaire.
Comment rouler au biométhane et à quel prix ?
Il existe bien un surcoût à l’achat d’un véhicule adapté au GNV qui est cependant gommé par :
- un carburant plus accessible ;
- des aides régionales ou locales ;
- la gratuité de la carte grise (ou moitié prix) ;
- une bonification de l’amortissement.
Pour répondre à cette question de manière complète, il faut prendre en compte plusieurs facteurs, notamment le mode de financement de la production ou les incitations législatives. Des outils ont été développés pour calculer son TCO ainsi que pour comparer les coûts d’un véhicule au biogaz avec les autres énergies (électrique, bio-carburant ou diesel).
Pour en savoir plus sur les défis du biogaz (flexibilité du réseau, raccordement, etc.), son coût et son impact sur votre stratégie de décarbonation, nous vous invitons à visionner le replay. Cette vidéo, réservée aux membres, bénéficie d’une timeline qui vous permettra de consulter uniquement les passages qui vous intéressent.
A retenir
On estime que le biométhane permet de répondre en partie à 3 enjeux majeurs que sont :
- la décarbonation de notre énergie ;
- la décarbonation de notre agriculture ;
- la gestion des déchets.
Réponses aux questions posées lors de cette conférence :
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L’un des défis est lié au raccordement au réseau de gaz des méthaniseurs agricoles, qu’en est-il ?
Aujourd’hui, avec 12TWh, le réseau gazier est au rendez-vous, son développement et son renforcement n’a pas posé de problématique. La problématique est maitrisée par les opérateurs gaziers.
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Voyez-vous un avenir au plein de biogaz par les camions en direct au site de méthanisation, ou bien tout se fera-t-il via le réseau ?
Il y aura une majorité de stations réseau, mais la distribution dite à la ferme maillera le territoire dans les zones rurales.
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Qu’est-ce que ETS ?
ETS sont les initiales de Emission Trading Scheme, en français le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Il s’agit d’un dispositif visant à mesurer l’émission de CO2 pour les entreprises, avec la possibilité pour les plus performantes de vendre leur quota d’émission de CO2 non utilisé aux entreprises les plus polluantes.
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Dans le cas d’une très forte demande en biométhane, peut-il y avoir des conflits d’usage sur les produits agricoles (si les déchets ne suffisent pas dans le méthaniseur) ?
La biomasse utilisée pour le biométhane ne rentre dans aucun conflit d’usage. La très grande majorité de la biomasse utilisée n’est pas en concurrence, ce ne sont pas les mêmes intrants vs agrocarburants, par exemple.
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Sur un site de quinze hectares, à Cérilly, près de Châtillon-sur-Seine, un méthaniseur est en train de sortir de terre. Cette usine, dont le projet est né en 2018, sera alimentée par des cultures intermédiaires à vocation énergétique, du seigle fourragé. Ce sont 150 agriculteurs du territoire qui se sont engagés à produire des céréales, moyennant rémunération évidemment, pour fournir suffisamment de matière au bon fonctionnement de l’usine. Certains sites mutualiseront plusieurs agriculteurs, mais en France la taille reste moyenne, voire petite : 3-4 producteurs. Les sites sont 10 fois à 6 x moins grands que dans d’autres pays (Allemagne ou Danemark). Cet exemple est-il en conflit ?
Pas de conflit, il s’agit de culture intermédiaire, et donc entre les cultures principales. Pas de concurrence d’usage donc.
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Vous avez parlé de capture du CO2 lors de la production de biogaz. Quel est l’état d’avancement ? Est-ce envisagé aussi bien pour bioGNC que pour bioGNL ?
Aujourd’hui, tous les sites de méthanisation sont exploités à l’état gazeux, aucun site à l’état liquide. Des projets sont en cours pour capter le CO2 du process de méthanisation.
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Le GHG Protocol dirait d’ajuster le facteur d’émission général du gaz, au fur et à mesure que la part du biogaz augmente.
Les échanges sont en cours avec le GHG protocole, car dans certaines zones avec beaucoup de gaz vert (parfois 100% ) ce principe n’a justement aucun sens.
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Ces outils TCO sont-ils disponibles ?
Les outils de TCO sont à demander pour étude de flux à GRDF.
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Vous parliez d’organiser des visites, est-ce avec vous ?
Oui, nous allons organiser une visite avec France Supply Chain.
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Vous parlez de suramortissement de 120 à 160%, je pensais que c’était 140%… comment est-ce défini ? Merci.
Il est de 20% pour les modèles compris entre 2.6 et 3.5 tonnes, 60% entre 3.5t inclus et 16 tonnes, et 40% au-delà.
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Comment expliquez-vous l’écart constaté entre transport de marchandises et transport de personnes, autrement que par l’impératif de rentabilité qui s’impose au secteur privé ?
Il y a certes un impératif de rentabilité mais aussi les trajets sont les mêmes tous les jours pour le TRV et on est sur un modèle de stations privatives. C’est plus complexe pour le TRM mais c’est une solution alternative mature.
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Pourquoi certaines stations ne font pas de bioGNC alors qu’elles font du GNC ?
Il faut que les stations soient raccordées aux réseaux de gaz. Certaines stations GNL réchauffent le gaz pour avoir du GNC et celles-ci ne peuvent pas proposer de Bio.
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Bonjour, le bio GNL, est-il vraiment vert si on prend en compte l’énergie pour le liquéfier et le transporter ? Merci
Aujourd’hui, en France, il n’existe pas de BioGNL, d’ailleurs, il n’existe pas dans la base empreinte de l’ADEME
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Est-ce qu’il existe du bio GNL ? J’ai cru comprendre que c’est extrêmement rare
Aujourd’hui, en France, il n’existe pas de BioGNL, d’ailleurs, il n’existe pas dans la base empreinte de l’ADEME
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Comprimer le biogaz génère quelles pertes de rendement ?
Autour de 10%.
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Passer au biogaz apporte quelle réduction d’émission de CO2 dans mon bilan carbone ?
Moins 80% d’émissions de CO2 par rapport au diesel.
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Quelle différence de prix entre biométhane et gaz naturel standard ?
Entre 5 et 10% plus cher.