Ils ont choisi le transport fluvial : comment ont-ils fait?
Le 4 novembre dernier, la Région Île-de-France nous a accueilli pour une matinale entièrement dédiée au transport fluvial. Autour de la table, VNF, IKEA, Les Mousquetaires, Point P, CEVA Logistics, Paris Terminal et Haropa Port ont partagé leurs pratiques, leurs gains et les leviers qui rendent ce mode de transport décisif pour la chaîne logistique.
Le fluvial au cœur des stratégies : ils racontent
Le transport fluvial s’impose comme un levier de performance pour les entreprises qui cherchent à stabiliser leurs flux et à réduire leurs coûts. Lors de cette matinale, les intervenants ont rappelé que la décarbonation n’est qu’un bénéfice supplémentaire : la véritable traction vient des gains opérationnels et économiques. Notre président l’a clairement indiqué : pour convaincre, il faut d’abord démontrer la valeur business avant de parler d’impact carbone.

Les Mousquetaires utilisent la Seine pour lisser l’arrivée des conteneurs et réduire les pénalités liées aux congestions portuaires.

Pour intégrer le fluvial dans ses process et fiabiliser les délais CEVA s’appuie sur cinq piliers internes :
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Détection des flux
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Formation
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Proposition systématique
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Cellule dédiée
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Comité mensuel

IKEA a démontré qu’un corridor fluvial quotidien combiné à un dernier kilomètre électrique peut livrer plus de 180 000 clients tout en retirant 18 000 camions de la route.

Point P s’appuie sur des péniches dédiées afin de massifier sa logistique fluviale d’agrégats et de blocs, évitant ainsi 2500 camions. A noter que le post acheminement a été internalisé pour contourner les contraintes sur les produits à faible valeur.
Dans tous ces cas, le report modal fluvial transforme un pic logistique en un flux régulier, ce qui réduit la pression sur les entrepôts et limite les congestions. Les entreprises citent aussi une meilleure résilience face aux aléas : la disponibilité du réseau fluvial dépasse 99 % sur l’axe Seine.

Créer un écosystème multimodal intégré : la condition du succès
Le transport fluvial ne fonctionne pas en silo. Son efficacité dépend de la coordination de toute la chaîne, du port maritime au dernier kilomètre. Les différentes interventions ont démontré que la réussite d’un report modal repose sur quatre éléments : une infrastructure fiable, une flotte modernisée, des services portuaires adaptés et une demande client structurée.

Côté infrastructures, la Région Île-de-France et l’État ont engagé des investissements lourds : 82 M€ depuis 2015 sur les ports, les voies ferrées portuaires, les écluses, les barrages, les quais partagés et les plateformes multimodales.

VNF porte aussi une stratégie décennale, financée à hauteur de 300 M€ par an via l’AFITF, pour régénérer et fiabiliser le réseau.

Haropa Port investit dans des infrastructures pour fluidifier les accès à Port 2000 et renforcer le maillage fluvio-maritime.

Paris Terminal, développe une navette Gennevilliers–Bonneuil (prévue pour 2026) et des connexions rail/fluvial.
Zoom sur les dispositifs financiers pour accompagner les projets
- PARM pour les études et expérimentations,
- PAMI pour la modernisation de la flotte (environ 6 M€/an, 60 projets),
- REMOVE/CEE pour les nouveaux trafics (38,5 M€ jusqu’en 2027).
Les terminaux multi-compagnies ou les solutions mutualisées démontrent que la logistique fluviale progresse quand les acteurs construisent ensemble. La Région Ile de France a souligné que les projets les plus emblématiques tels que Notre-Dame ou le Grand Paris reposent précisément sur cette co-construction entre partenaires publics et privés.
Les grands enseignements à retenir
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Les gains les plus forts ne viennent pas du coût du transport lui-même, mais des coûts cachés évités et de la flexibilité opérationnelle obtenue.
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Les franchises de stockage offertes par les plateformes fluviales permettent de réduire les frais de stationnement et d’absorber les aléas du maritime.
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Le fluvial transforme la distance en avantage stratégique
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La viabilité économique dépend d’une vision globale de la chaîne qui peut représenter la moitié du coût total.
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La logique n’est pas d’opposer des modes de transport mais de construire une chaîne optimisée de bout en bout qui permettrait de réduire les risques, d’améliorer la régularité et de renforcer la performance globale.
Un grand merci à Laurène MATZEU DE VIALAR pour avoir animé cette matinale d’une main de maître ainsi qu’à tous les intervenants : Yann DE FERAUDY, Muriel Saccoccio, Eloi FLIPO, Jean-Marie PETITDIDIER, Emilie CARPELS, Laurent HELARD, Camille CONTAMINE, Céline MANTOUX, Virginie ALLILI, Jacky GABRIEL, Nathalie WOOCK et Claire AUBREE.



















